Rachel Harnisch

S’étant retirée en 2024 de la scène lyrique, Rachel Harnisch laisse derrière elle une carrière particulièrement riche. Après avoir étudié à la Hochschule für Musik Freiburg (à Fribourg-en-Brisgau) avec Beata Heuer-Christen, la soprano suisse Rachel Harnisch faisait ses débuts dans le rôle de Pamina (La Flûte enchantée) au Stadttheater Bern, alors sous la direction de Miguel Gomez-Martinez, et à l'Opéra de Zürich avec Franz Welser-Möst. Suivront le Grand Théâtre de Genève, Zürich, ou encore Santiago au Chili. Durant les premières années de sa carrière, son répertoire était principalement consacré à Mozart, comme en 2004 à Ferrare lorsqu’elle interprétait Fiordiligi dans Così fan tutte. Elle s’illustrera ensuite dans le rôle de Micaela (Carmen), comme à Berne et Avenches, mais c’est bien avec Mozart qu’elle fait ses débuts à l’Opéra de Paris avec à nouveau le rôle de Pamina, dans une mise en scène de Robert Wilson. Elle interprétait sa première Comptesse (Les Noces de Figaro) à Véronne en 2006, avant de faire ses débuts au Deutsche Oper de Berlin, à nouveau en Pamina. Toutefois, si Mozart est très présent au début de sa carrière, elle finit par s’en émanciper pour s’ouvrir à d’autres répertoires, notamment plus contemporains. Le public la retrouve ainsi en Clémence dans L'amour de loin de Kaija Saariaho à Anvers et à Gand en 2009, en Blanche dans les Dialogues des Carmélites au Deutsche Oper Berlin en 2011, en Emilia Marty dans L’Affaire Makropoulos en 2016 (un rôle déterminant dans sa carrière, qui l'aidera à se libérer sur scène), ou encore en Una lors de la création mondiale des Bienveillantes en 2019. Pour autant, la soprano ne tourne pas non plus le dos au répertoire, et il est difficile d’oublier aussi sa Rachel dans La Juive tant à Lyon en 2016 dans la mise en scène d’Olivier Py qu’à l’Opéra national du Rhin l’année suivante dans la mise en scène par Peter Konwitschny. Si Rachel Harnisch a offert de remarquables interprétations sur scène, alliant à une technique du chant parfaitement maîtrisée un excellent sens du drame, elle excellait tout autant dans l’art du récital dans lequel elle a chanté un large répertoire allant des Passions de Jean-Sébastien Bach aux compositions de notre temps, avec un goût particulièrement prononcé pour les Lieder. Nous avions d’ailleurs pu l'apprécier dans un disque avec Marina Viotti et Yannick Debus. Sur scène, elle était régulièrement accompagnée par le pianiste Jan Philip Schulze, avec qui elle a enregistré une version saluée du Marienleben de Hindemith. Malgré une carrière que l’on espérait plus longue et qui ne souffrait d’aucun faux pas, la cantatrice suisse met donc fin à sa carrière à l’âge de 50 ans, de façon discrète. Elle manquera sans doute au monde de l'opéra.

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